Le mois de mai a été décisif pour la petite firme de Dieppe, Alpine. Connue pour ses modèles "poids plume", elle vient tout juste de dévoiler la version finale de son tout premier S.U.V. de plus de deux tonnes ! Mais à vouloir à tout prix maintenir un chiffre d'affaires élevé, quitte à sortir des modèles qui ne respectent plus les principes fondateurs de la marque, Alpine ne mettrait-elle pas en péril son identité, voire sa survie ?
Alpine, fondée en 1955, a d’abord été un préparateur de Renault. L’histoire commence avec l’arrivée de la petite A106, une berlinette de 550 kg basée sur la Renault 4CV. À cette époque, la marque se distinguait par sa légèreté, les moteurs étant presque identiques à ceux de la 4CV. S’ensuivirent la mythique A110 et d’autres modèles, au succès plus discret.
En 2018, Alpine refait surface après quelques années de silence, relancée par Renault qui lui fournit les moteurs et réouvre l’usine de Dieppe. La légendaire A110 fait son grand retour. Aux premiers jours de sa commercialisation, cette A110 (deuxième du nom) est boudée en raison de son prix élevé et de son poids, une demi-tonne plus lourd que celui de son aïeule. Pourtant, cette berlinette néo-rétro rencontre un succès conséquent… surtout en France, qui reste son principal marché.
Puis les normes écologiques s’en sont mêlées. Malgré un florilège d’éditions spéciales de l’A110 MkII qui ont su ravir les passionnés, ce petit modèle a été victime de lourdes taxes environnementales, faisant chuter drastiquement les ventes. Après une fin en apothéose, l’A110 MkII a tiré sa révérence début 2025. Après avoir reconquis ses clients les plus fidèles, Alpine a dû faire face à ces contraintes réglementaires tout en gérant une baisse significative de ses ventes.
Il est vrai que, pour une marque censée susciter passion et émotions, sortir un modèle électrique peut sembler contradictoire. C’est pourquoi Alpine a lancé des modèles plus accessibles, comme l’A290 — une Renault 5 rebadgée — et l’A390, un S.U.V. "fastback" de deux tonnes.
Celui-ci repose sur une base de Renault Scénic. Avec ses 4,62 mètres de long et près de 1,90 mètre de large, cette imposante voiture n’a rien à voir avec ses devancières. Néanmoins, elle ne renie pas totalement ses origines, affichant plusieurs clins d’œil à l’A110 : ligne de capot, sièges baquet, lunette arrière rappelant les berlinettes de 1963 et de 2018. Pour tenter de minimiser la rupture, la marque le qualifie de "sport fastback" plutôt que de S.U.V., histoire d’éviter de faire se retourner Jean Rédélé dans sa tombe. Ce modèle pourrait bien diviser la communauté des "Alpinistes", même s’il pourrait leur permettre de se balader en famille…
Pour survivre à ces temps difficiles, Alpine a donc élargi son champ d’action, avec des modèles plus abordables pour un public plus large. La marque a promis qu’elle travaillait actuellement sur une future Alpine A110 Mk III.
Alors, ce A390 serait-il l’entrée peu appétissante d’un festin à venir ? Et qui sait, après tout… peut-être propulsera-t-il la marque dieppoise sur le devant de la scène ?
Source et médias : Renault
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